Wednesday 4 November 2009

Etre Etonien en 2009

Le célèbre Lycée d’Eton, situé à Windsor and Eton, à une heure de Londres, fut crée en 1440 par le Roi Henri VI. L’ancienne bâtisse principale aux briques patinées par le temps nous introduit sur un large campus. Des boutiques et cafés situés sur la route, sortent de jeunes garçons en uniformes queues de pie, livres à la main. Ils semblent hors du temps, pourtant il n’en est rien. Installés en présence de leur Maître de Français, Tom, 15 ans, Freddie et Pergrine, 16 ans, tous trois élèves en Seconde nous livrent leur vie à Eton.

Pourquoi Eton tout d’abord ? Tom avoue la pression familiale : « ce n’était pas mon choix premier ». Il a passé un premier test à 11 ans puis un examen d’entrée à 13 ans. Une scolarité à Eton s’anticipe, mais au fil des ans l’acceptation s’est assouplie grâce à ces examens qui exemptent les familles ne pouvant s’affranchir des droits d’entrée, équivalents à ceux d’Harvard. Pour Freddie les choses sont sensiblement les mêmes, le choix s'est imposé de soi. Et Pergrine, lui, s'est vu conseillé Eton: « je n’avais aucune idée de l’endroit où je voulais étudier », aussi lorsqu'il visita les lieux, il fut aussitôt conquis. Les trois connaissaient Eton, sa célébrité et la symbolique. Conscients également de l’éducation qui y est prodiguée, ils ont une appréciation conforme à ce qu’ils pensaient, « c’est comme nous l’imaginions en réalité », rapportent-ils. « Les structures mises à notre disposition sont fantastiques », note Tom qui précise aussi que l'aspect religieux a perdu de sa nature péremptoire, ainsi « tout le monde s'en trouve accommodé quelque soit la confession de foi ». Ici, musulmans, juifs, catholiques et athées cohabitent allègrement. Freddie, enjoué, note aussi la variété d’activités physiques incroyable: "si vous voulez naviguer, vous le pouvez!». De concert les trois s'accordent à dire que les goûts de chacun sont non seulement respectés mais encouragés. Pergrine lui avoue apprécier beaucoup de choses à Eton : « j'aime tout ici, les conférences, les pièces de théâtre, tout! ».

Le quotidien Etonien

La vie quotidienne est organisée autour des maisons, les fameuses houses, qui, au nombre de 25, jonchent le campus. Les garçons y apprennent à vivre en communauté. Responsabilité et sociabilité. L’organisation de la maison dépend entièrement du House Master, le Maître de maison. La maison est le socle de la vie à Eton, « elle est très importante » dit Tom. Une journée type est comme suit : lever à 7h30, petit-déjeuner à 8h00. A 8h30, direction la chapelle avec ses cœurs et le discours d’un professeur. A 9h00 commencent les cours, de 40 minutes chacun. Il y en a trois jusqu’à la collation de 11h20, puis deux autres avant le déjeuner à 13h15. A 14h, place au sport. A 18h00 la journée s’achève et c’est l’heure des devoirs. Après le dîner de 19h30, des intervenants sont conviés dans les maisons pour des conférences. « Ce sont les “societies ”, explique Freddie, et il y a autant de “societies” qu’il y a de métiers ». L’initiative, très appréciée, tend à présenter aux élèves, environ 6 par session, des professions et offre la possibilité de s’entretenir avec les intervenants.

Et quid des codes d’Eton ?

«Et bien, nous avons le 4 Juin », assène le maître de Français, devant la réflexion muette des lycéens. Cet évènement célèbre l’anniversaire d’un roi George III, saint patron d’Eton. Il se tient les Mercredis précédant le 4 Juin. Pour l’occasion, les familles rendent visite aux garçons et amènent un pique-nique, c’est une sorte de garden party. Des poèmes sont déclamés, des expositions et pièces de théâtre sont tenues ce jour-là. Une vraie tradition. A noter aussi leur jeux « the wall game », un sport de ballon mi-rugby, mi-football. Quant aux uniformes, c'est devenu leur quotidien, ils disent apprécier le côté chic qu'ils leur confèrent. Et à propos des filles ? Tom avoue qu’« avec les filles, ce serait mieux, - elles semblent lui manquer légèrement tout de même, mais se reprenant devant son maître il ajoute docilement que « si elles étaient acceptées à Eton, alors Eton ne serait plus Eton ». Et de finir : « de toute façon, elles viennent les dimanches, on est plutôt indépendants, Eton est libéral sur ce point là ». Ils confessent qu'il y a de vieilles traditions, mais elles côtoient la modernité. Mais ne leur parlez pas d'Harry Potter, cela les agace. "Bien sûr les alentours historiques et l'atmosphère sont incroyables, accorde Tom, mais la ressemblance avec Harry Potter « ne vous vient pas à l'esprit ».

Enfin, quand on leur parle d’élite, gênés, ils avouent qu'ils se le disent de temps à autre, mais rectifient : « on est plutôt sacrément chanceux ! ». Le maître intervient et précise qu'ils n'ont nullement l’impression d'être snob, ils sont seulement chanceux. Merci maître. D'ailleurs la vie associative est très dynamique à Eton, sans doute pour inscrire les élèves dans une autre réalité que celle du microcosme d'Eton.


Novembre, 2009.