Monday 5 July 2010

Tour d'horizon des festivals d'Eté en Grande-Bretagne

La saison estivale est enfin là, et ce, malgré les désespérantes et incessantes showers de ces grises journées de début Juin! Un rapide écrémage des festivals s'impose car le programme en Angleterre est chargé: 72 évènements sont répertoriés dont 7 en ville.

Pour les fêtards invétérés, citons d'abord celui de l'Isle of Wight, du 11 au 13 Juin. Pour £130 le ticket à vous Jay-Z, Blondie, the Strokes. Du 23 au 27 Juin, c'est l'inénarrable Glastonbury dans le Somerset: prévoyez des wellies et vêtements imperméables pour voir U2, Shakira, Scissor Sisters. Le T in the Park, à balado, du 9 au 11 Juin, servira Prodigy, Muse, Kasabian, Black Eyed Peas pour £170 et l'Oxegen du 9 au 11 Juin en Irlande promet un line-up de choix. Le Womad dans le Wiltshire, du 23 au 25 Juin, servira ses musiques du monde. Le Sonisphere, festival ambulant, passera à Londres le 30 Juillet et 1er Août. Notons encore Le V festival à Staffordshire les 21 et 22 Août avec King's of Leon et Goldfrapp et celui de Leeds, du 27 au 29 Août, avec Arcade Fire et Blink 182.

Pour les familles ou les non nomades
Citons, pour Juillet, le Guilfest dans le Surrey du 16 au 18, le Cornbury dans l'oxfordshire, les 3 et 4, le Lounge on the Farm, du 9 au 11, qui offre moult activités ainsi que le Larmer Tree, du 14 au 18, le Latitude dans le Suffolk, du 15 au 18, le Secret Garden Party, du 22 au 25 à Huntingdon. Le Big Chill ravira les familles du 5 au 8 Août dans le Herefordshire: aux parents la scène, aux enfants les diverses activités artistiques.
Une aversion pour le camping, une préférence pour le confort? Les Festivals in the city sont là pour ça: aussi amènes que leurs acolytes en campagne, ils se posent dans les parcs. Hyde park accueille les 25 et 27 Juin, le Hard Rock Calling, et le 2 et 4 Juillet, le Wireless. Le Victoria Park a son Love Box les 16 et 18 Juillet, ou encore le 31 Juillet le Field Day. Enfin le Apple Cart à shoreditch park réunira les familles en ville le 25 Juillet.


Article initialement paru le 23 Juin 2010 sur le petit journal: www.lepetitjournal.com/.../60411-ete-tour-dhorizon-des-festivals.html

Thursday 13 May 2010

La prochaine politique verte sera ou ne sera pas

http://www.lepetitjournal.com/londres/a-la-une-londres/59317-lla-prochaine-politique-verte-sera-ou-ne-sera-pas.html


Après six longues journées de tractations, la coalition a enfin pris forme entre les libéraux-démocrates et les conservateurs.

De l'art du consensus

Le nouveau Premier Ministre David Cameron devra travailler en harmonie avec son vice Premier Ministre, Nick Clegg. Malgré une apparente solidité de la formation et la garantie d'une politique commune qui s'affichent au 10 Downing Street depuis le 11 Mai, le mariage semble plus contre-nature que ne l'aurait été une alliance progressiste lab-lib. En effet les points de discorde demeurent...Outre les questions de politique de rigueur budgétaire, la question de la réforme, nécessaire, du système électoral ou l'Europe, la politique environnementale reste un chapitre clef que David Cameron devra d'abord négocier avec son propre camp. Ayant nommé le lib-dem, Chris Huhne, au poste de secrétaire d'état au changement climatique et à l'énergie, Cameron sait que le volet écologique est un point non négociable pour les démocrates. Car au sein des tories, le scepticisme en ces sphères est légion. David a beau avoir porté haut, durant la campagne, le slogan « vote blue, go green », « votez conservateur et donc écolo », il risque de se retrouver pieds et poings liés.

Green contre sceptiques

Et oui, beaucoup de conservateurs sont climato sceptiques depuis l’agnosticisme à la certitude du complot. Grâce à leurs blogs leur opinion influente est prédominante dans la sphère publique. Par exemple, Douglas Carswell, le chef de file, accuse les dépenses dévastatrices qu'induisent des politiques vertes. Ian Dale, lui, affirme que « le réchauffement est devenu une religion » relançant la polarisation du débat entre eux et les démocrates. Tim Montgomerie estimait avant les élections,que le sujet était en passe de devenir la question qui divise son propre parti: « entre 80% à 90% des conservateurs rejettent le réchauffement climatique » disait-il. La pression interne freinerait alors toute mise en œuvre d’actions en accord avec les lib-dem qui, eux, ne transigeraient pas. Cette absence de consensus pourrait participer de l'échec de la coalition et bloquer la participation active du pays lors de la prochaine conférence sur le climat de l’ONU qui se tiendra à Cancun fin 2010. Et ce n'est pas Caroline Lucas, leader du parti des verts, isolée car première et unique député green à avoir obtenu un siège au Parlement, qui pourra faire la différence.

Wednesday 12 May 2010

Les gardiens de Camelot



A Londres, les propriétaires d’immeubles vacants font appel à la compagnie de gardiennage atypique: Camelot.


Une vraie niche
Leader sur son segment depuis 7 ans, Camelot propose en service ses gardiens. La société met en effet à résidence pléthore de locataires d'un genre nouveau, des gardiens donc, qui vont assurer la sécurité du site et l’entretien continuel des espaces. Ces immeubles étant de potentielles cibles pour les squatteurs, dans une ville comme Londres les propriétaires recherchent avant tout l'effet dissuasif. Les gardiens vivent parfois à 5, souvent à 10 et plus.
Le concept, original et répondant à une vraie demande, fut mis en place dans les années1970 aux Pays-Bas par deux étudiants. Alors fauchés, ils demandent aux propriétaires de lieux vides l’accord d’occupation de leur espace en échange de leur protection matérielle. L'idée plaît, fait des émules et se développe rapidement dans la capitale Britannique. Camelot compte aujourd'hui 400 clients allant des simples propriétaires commerciaux aux institutions gouvernementale telles que le Ministère de la Défense ou encore les Transports Britanniques. Le concept en ravit plus d'un: les gardiens trouvent un toit pour pas cher et les propriétaires sont rassurés sur leurs biens.
Du gardiennage contractuel
Souvent en plein centre ville, les locataires-gardiens bénéficient d'un loyer très modeste par rapport au prix du marché, seulement 200£ par mois environ. En contrepartie, ils se plient aux exigences de l’accord. Pas de fêtes, pas de « sleep over ». « Les règles sont strictes » note Rob, jeune cinéaste qui habite dans un ancien pub à Greenwich. Au rez de chaussée de ce pub, on devine encore le bar arrondi et quelques tables rescapées ici et là, la pièce est cependant toujours insalubre. En revanche, à l'étage les espaces sont clairs, propres, vastes et bien entretenus. « Les travaux n'ont toujours pas commencé », note Rob, se référant au hall d'entrée aux allures de squat. Camelot se chargera de donner un préavis aux gardiens une fois que le propriétaire aura décidé le début des rénovations. Les gardiens jouissent de grands espaces pour de bas prix certes, mais doivent faire montre d'une grande flexibilité et de compréhension. Ce sont les termes de l'accord signé après un processus de sélection des candidats.
Après la stricte sélection -il vaut d'ailleurs mieux être employé à temps plein lors du dépôt de candidature-, les gardiens se voient accordé un très grand espacé, souvent atypique, parfois délabré. Ils vivent dans des anciens hôpitaux, des églises, des anciennes casernes de pompiers ou des anciens bureaux. La période d'occupation est variable: de 4 mois à un an, et le préavis de Camelot est de 15 jours. Au terme du contrat, la compagnie assure le replacement de ses gardiens dans de nouvelles résidences. La capacité d'adaptation doit être totale. Cela reste une vraie aubaine pour certains employés: dans ces lieux, on y trouve beaucoup de jeunes créatifs, en situation précaire ou indépendante. Les étudiants, par contre, passent leur chemin. « On ne sélectionne que des gardiens fiables », confirme Nicole, manager de projet chez Camelot qui se fait le garant du sérieux de ses locataires. Le succès étant au rendez-vous et la niche étant certaine, son alter ego débarque en France, Lancelot. L’idée plaira forcément à Paris où la donne locative reste un problème pour beaucoup. Trop d'espaces restent vacants sans raison, alors que ce concept pourrait pallier quelque peu au drame du mal-logement. Aller, oust, la sempiternelle et vétuste chambre de bonne au prix exorbitant!

http://www.lepetitjournal.com/londres/a-la-une-londres/58868-securite-camelot-et-ses-gardiens.html

Friday 7 May 2010

Village Underground-Un métro sur le toit















autre publication:
http://www.lepetitjournal.com/londres/a-la-une-londres/59155-art-moderne-village-underground-latypique.html

Le détournement d'affiches, un humour so British


Le détournement d’affiches, un humour so british

LONDRES CORRESPONDANCE

Depuis quelques semaines, des voitures à panneaux publicitaires géants sillonnent les rues de la City : les mines de Gordon Brown et David Cameron s’affichent partout, exaspérantes. Ce sont les fameux posters électoraux détournés. D’aucuns pensent l’idée dépassée, mais tous s’en servent encore, car c’est une arme de communication.

Le célèbre poster intitulé « Le labour (parti travailliste) ne marche pas » – « Labour isn’t working » – un jeu, s’il en était, sur le mot travail, est la référence en la matière. Il aurait aidé à l’ascension au pouvoir de Margaret Thatcher, celle à la main de fer et au gant de velours, en 1979. On y voyait une file d’attente de chômeurs, symbole du désaveu des politiques Labour d’alors. Déjà, les tories employaient cette communication chère à l’ère soviétique. L’œuvre en question était signée de l’agence M & C Saatchi. Cette dernière a justement été sollicitée en pleine course électorale, fin mars, par ces mêmes conservateurs.

Recherchant le coup d’éclat, l’équipe de David Cameron a tiré la première. Le résultat donnait à voir un Gordon Brown tout sourire disant : « J’ai doublé la dette nationale, votez pour moi » ou encore « Le chômage des jeunes bat des records, votez pour moi ».

Le poster a été lancé avant le premier débat télévisé lors duquel le Premier ministre sortant ne s’est départi ni de son flegme ni de son humour, sachant la riposte proche. En effet, quelques jours plus tard, les conservateurs bénéficiaient de leurs posters, également très sport. On y voit David, le visage lissé, qui affirme : « Certains de mes meilleurs amis sont pauvres ». Ou bien, cannette de bière blonde à la main et casquette vissée sur la tête, David qui avoue : « moi aussi, j’ai grandi dans un HLM ». Ou encore David confessant : « Je suis conservateur progressiste. Non, ne riez pas ! » Et des posters du Labour en réponse… et ainsi de suite.

Causticité visuelle,

communication négative

L’image a le pouvoir indéniable de marquer la conscience collective. Et dans un pays où le trait d’esprit est une coutume nationale, les renvois de balles vont bon train. C’est une guerre de l’affiche caustique, de l’humour qui gratte.

La communication négative à laquelle se livrent les partis dénote la certitude de ces derniers quant à l’intention de l’électeur qui vote « plutôt contre que pour », comme le dit Steven Fielding, professeur d’histoire politique à l’Université de Nottingham. Un expert en stratégie du parti conservateur confiait au Times : « Le but de la campagne est de claquer la porte au nez à Brown, lui annihiler toute chance que des électeurs votent pour lui ». Les équipes travaillent donc à désarçonner l’adversaire en usant de l’ironie qui claque. C’est une habitude ici qui ne choque plus guère. Le dernier mot appartient aux électeurs qui, jeudi, nous diront s’ils préfèrent les erreurs toutes de gauche de Gordon ou le renouveau tout de droite conservatrice de David.

Signature originale:

LUCIE DUBAN

Article initialement paru dans Le Soir, le 5 Mai 2010
http://archives.lesoir.be/royaume-uni-la-representation-nationale-doit-elle-etre_t-20100505-00WFJK.html?query=lucie+duban&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=lucie+duban&pos=1&all=4316&nav=1

Tuesday 27 April 2010

Carol Ann Duffy

Mercredi 6 mai 2009

L’actrice

Femme poète, gay et au service de la reine d’Angleterre. La Poet Laureate met fin à 341 ans de machisme. à Londres

La Cour d’Angleterre vient de nommer sa nouvelle plume officielle. Et, pour la première fois en quatre siècles, surprise, c’est une femme, et pas n’importe laquelle…

Carol Ann Duffy, une poète écossaise, dont les œuvres jouissent d’un bel engouement populaire et d’une solide reconnaissance des critiques – elle dit « aimer les mots simples » même si elle reconnaît « les utiliser d’une façon compliquée » – est non seulement la première lauréate de ce XXIe siècle (son prédécesseur Andrew Motion avait été nommé en 1999), mais elle est aussi la première femme à être désignée poète officielle de la Reine.

Après 341 ans de domination mâle sur la fonction (qui revint à Wordsworth, à Alfred Tennyson, à Ted Hughes…), c’est donc au tour d’une poète d’occuper cette charge. Poète qui s’affiche homosexuelle, de surcroît.

C’est d’ailleurs cette préférence sexuelle qui avait, officieusement, « justifié », en 1999, le refus de Tony Blair de la voir accéder à ce poste alors qu’elle partait grande favorite. Son homosexualité et sa relation avec la poète écossaise Jackie Kay furent prétextées comme une possible « source d’inquiétude » : qu’aurait pensé l’Anglais moyen ?

Mais les mœurs changent… et Carol Ann aussi. Celle qui déclarait en 1999 « ne pas vouloir faire ça » a finalement accepté la mission, et pour dix ans.

« Puisqu’ils n’avaient jamais eu de femme » et dans un souci de reconnaissance des femmes poètes, Carol Ann Duffy a donc dit oui. Mais elle a tenu à préciser qu’elle n’écrirait que « sur ce qui l’inspire ». Elle envisage d’ailleurs de consacrer les 5.750 livres reçues grâce son nouveau titre à la Société de la Poésie à la création d’une récompense qui serait décernée à la « meilleure œuvre poétique de l’année ». « J’ai pensé qu’il était mieux de rendre à la poésie ce qui lui revenait », explique-t-elle.

Ce qui ne l’empêchera pas de profiter de ses nouvelles prérogatives : elle aura le plaisir de déguster les quelque 600 bouteilles de sherry qu’elle a demandé de recevoir à l’avance – son prédécesseur les avait attendues vainement.

Cela dit, les récompenses, elle connaît : en 1995, elle fut nommée officier de l’ordre de l’Empire britannique, et commandant du même ordre en 2002.

Celle que Gordon Brown considère comme une « véritable poète brillante et moderne » est née le 23 décembre 1955 à Glasgow. Elle est issue d’une famille peu lettrée, mais ses parents ont ardemment encouragé l’éducation de tous leurs enfants, et Carol Ann Duffy a commencé à écrire très tôt dans la vie.

Elle vit aujourd’hui à Manchester où elle est « directrice de création de l’école littéraire » à l’université Metropolitan. Elle écrit aussi des livres pour enfants, ainsi que des pièces de théâtre. Le temps, le changement et la perte sont ses thèmes de prédilection.

Son œuvre est déjà étudiée dans les cours de littérature et de poésie. Bien qu’on eût pu craindre de ce fait une mythification de son œuvre, elle continue à parler pour les femmes et à servir le féminisme. Ainsi, dans le recueil La femme du monde, elle rend leur place aux femmes, qu’elles soient épouses, amies ou sœurs des hommes célèbres et mythiques qui ont traversé l’histoire à l’instar de Mida, la reine Kong ou encore « Frau Freud ».

Pince-sans-rire, Carol Ann tient à ajouter que son seul point commun avec Philip Larkin, célèbre poète anglais contemporain, est qu’ils sont « tous deux des poètes lesbiens ».

Pour autant, elle refuse un rôle d’icône gay réducteur, et préfère de loin qu’on l’appelle poète et non poétesse.

1955 Naissance à Glasgow.
1977 Elle reçoit le diplôme d’honneur de philosophie à l’université de Liverpool.
1982 Première pièce de théâtre : « Prends mon mari ».
2002 Commandant de l’ordre de l’Empire britannique.
2005 Lauréate du prix T.S. Eliot décerné par la Société du livre de poésie d’une valeur de 10.000 livres pour son recueil « Rapture ».
2007 « The Hat », recueil pour enfants.

http://archives.lesoir.be/carol-ann-duffy_t-20090506-00MXDA.html

Monday 15 March 2010

Londres, clou du spectacle vert

A l’Est de Londres, à Hackney, le Brooklyn Londonien, se trouve Arcola, le premier théâtre vert de la ville. Son hall nous accueille dans une ambiance détendue à la lumière douce diffusée par des diodes fluorescentes, des objets de récupération meublent l'espace cosy réchauffé par du plancher. Sur le bar une insigne clame: « la nourriture bio et le commerce équitable améliorent la qualité de vie de chacun ». Dans ces beaux volumes qui abritent 3 salles de représentations, il n’y a pas de néons fluos, de flash lumineux ou de ventilation. Son café-bar qui domine le hall ne sert que de la nourriture bio issue du commerce équitable dont les ingrédients sont produits localement. Et tous les dimanches des ateliers sur le DD sont animés pour la communauté locale. Arcola s’investit. Créé en 2000, le théâtre s’est tourné dès 2004 vers un mode de production culturelle durable. Aujourd'hui, trônent dans ses bureaux le titre de meilleur business vert en 2008 et le Globe de l’énergie du Royaume-Uni 2009. Ben Todd, son directeur exécutif, raconte pourtant qu'au début : « Il n’y avait pas d’argent, seulement une vision. » Grâce à des subventions du quartier et de la ville, d'un petit prêt du Conseil des Arts, l’équipe du théâtre se débrouille et récupère gratuitement quelques matériaux, comme ces diodes qui ont d’ailleurs permis une réduction de 60% sa consommation d’énergie. A l'étage du bâtiment, un laboratoire expérimente de nouvelles installations d’énergie et de lumière, témoignant de l’ingéniosité et de l’enthousiasme qui portent ce projet. Le credo de Ben Todd, spécialisé dans les énergies renouvelables, c’est initier un changement des mentalités : « Quoi de mieux que l’art, comme mécanisme culturel, pour parvenir à ce changement ? » Plus original, l'Arcola Theatre ne communique que localement sur ses représentations pour « éviter le déplacement de spectateurs depuis l’ouest de la capitale ». Mais ce théâtre reste une exception dans une capitale qui compte une myriade de petites structures peinant à investir dans le vert. C'est pourquoi est né le programme Ecovenue en septembre 2009. Aux commandes : le Theatre Trust (TT) sur demande de la mairie de Londres. Le TT conseille, finance et surtout met en contact avec des prestataires techniques. Aujourd'hui, 80 théâtres ont déposé un dossier de candidature : 48 d'entre eux seront sélectionnés et aidés dans leurs changements d'infrastructure, tels le bâtiment, l’auditorium, la scène, les coulisses, les consommations d'eau et de gaz… Pour Tim Atkinson, en charge des questions immobilières au TT, "les bénéfices de ce programme vont au-delà du secteur culturel". Mhora Samuel, directrice du TT, s'empresse d'ajouter qu'"il ne s'agit pas seulement d'écologie, le développement durable, c'est aussi une vision sociale, un changement des mentalités".
Si la mairie de Londres s'inquiète tant des émissions de CO2 de ses théâtres, c'est qu'elles sont phénoménales : 50000 tonnes par an, dont 35000 tonnes qui sont dues au transport du public. Des chiffres à l'image d'un secteur qui attire 13 900 000 de visiteurs chaque année et injecte 2,6 millions d'euros dans le PIB. Conscient de cet impact, le maire Boris Johnson a lancé, en 2008, le « Green Theatre Plan » qui vise à réduire de 60% les émissions de CO2 d’ici à 2025. En charge du programme, Julie’s Bicycle est une organisation spécialisée dans les liens entre écologie et industrie musicale. Sur le terrain, elle examine au plus près les établissements, organise la récolte des données et motive les actions collectives de changement des pratiques. « Notre objectif est de parvenir à instaurer une charte d’engagement », confie Catherine Langabeer, chef du projet. Si les théâtres se montrent réceptifs à cette métamorphose, c'est aussi parce qu'ils y sont « forcés ». Ils doivent en effet déjà montrer patte blanche en publiant leurs bilans annuels de CO2 dans le cadre du Carbon Tax Commitment. Mais le travail d'enquête est vaste : il faut revoir les matériaux utilisés pour la construction des plateaux, les installations de lumières, l'organisation des tournées…. Les gros théâtres tels que le National Theatre sont les mieux adaptés financièrement pour adopter des règles écologiques. Celui-ci a déjà mis en place le « Big Switch Off » : l’extinction des projecteurs jusqu’à 35 minutes avant le début du show, ce qui a permis d'économiser 1400 euros par an depuis 2008 et 30% de l’énergie totale. D’autres actions telles que la baisse des thermostats des chauffages des salles et des scènes, la réduction de l’air conditionné ou la fin des lumières externes en journée ont permis des gains de 8 à 12% sur la facture énergétique. Chut, les trois coups ont frappé ! La révolution verte débute sur les planches.

Monday 22 February 2010

Le Globe met fin à 400 ans d’exclusivité masculine

A Londres,sur la rive Sud de la Tamise, le théâtre du Globe va pour la première fois de sa prestigieuse et longue histoire accueillir une pièce écrite par une femme. Une toute première.
Crée en 1599, brûlé en 1613 puis reconstruit, et enfin fermé par les puritains en 1642, il est réputé pour son exploration exubérante de l’oeuvre Shakespearienne et pour avoir affiché une très distincte discrimination envers les femmes. Aucune comédienne n’était autorisée à monter sur les planches à l’époque de William ; il était encore moins imaginable d’y voir représentées des pièces écrites par des femmes. La tradition tînt jusqu’à aujourd’hui.
Nell Leyshon, 48 ans, a été sollicitée par le Globe pour la création d’une nouvelle œuvre. Originaire de Glastonbury et résidant dans le Somerset, remarquée pour ses pièces, elle se dit ravie du privilège qu’elle considère aussi comme un challenge. Nell note cependant au Guardian que l’exception faite aux femmes en matière théâtrale n’est pas un fait exclusif au Globe. Elle dit en avoir déjà constaté les contours : « Lorsque j‘ai commencé à écrire pour le théâtre, les gens disaient « c’est une femme qui écrit » et je n’ai jamais saisi cela », précisant amèrement que, a contrario et à raison, personne ne note jamais le genre d’une écrivain ou encore d’une journaliste. La pratique archaïque est vraisemblablement tenace dans le milieu théâtral qui compte seulement 23% de femmes parmi ses auteurs et metteurs en scène d’après la compagnie militante Sphinx. Sa pièce sera donc dense et conflictuelle pour trancher avec l’opinion généralement admise selon laquelle les femmes ne sont pas douées pour cela. Elle souligne aussi qu’« il est beaucoup plus extravagant d’écrire pour le globe. Vous devez faire corps avec la nature de l’espace et du public ». La pièce jouera donc avec ce grand espace si particulier et son public disposé en cercle autour de la célèbre scène toute de bois faite, le « wooden o ».

« Bedlam » se tiendra à l’Automne prochain.

Le thème artistique annoncé par le Globe pour la nouvelle saison d’Avril à Octobre 2010 est celui des « Rois et voyous » (« Kings and Rogues »). La pièce de Leyshon concorde parfaitement avec la thématique.
Son histoire dresse en effet le portrait fictionnel de Bethlem, l’asile psychiatrique notoire de Londres, durant l’épidémie de Gin qui eut lieu courant du XVIII siècle, de1720 à 1750. A cette époque le gin était ramené de la région des Flandres, des Pays-Bas et du Luxemburg par les troupes Anglaises qui y menaient la guerre. Le gin devînt rapidement la boisson phare des classes indigentes étant donné sa distribution incontrôlée, une simple notice publique permettait l’obtention d’une licence au bout de 10 jours, et un faible coût. Les distributeurs arpentaient les rues, les débits dépassèrent bientôt ceux de la bière et des ales. En pleine révolution industrielle, les conditions de travail poussèrent de nombreux travailleurs pauvres à se maintenir dans un état d’ébriété constante. Tant et si bien que le phénomène se mua en épidémie et Londres vit sa population décliner dramatiquement pour cause d’ivresses à mort. Des mesures prohibitives furent prises et aboutirent à une vague d’émeutes. L’hôpital psychiatrique était, à cette époque, un lieu de perdition dont les patients étaient les curiosités qu’on visitait le Dimanche. C’est dans ce climat délictueux que les personnages-patients de la pièce « Beldam » s’inscriront : des poètes hypocondriaques, des peintres assassins ou encore des vendeurs de gin, tous plus décadents les uns que les autres. Nell Leyshon a choisi un sujet dur qui devrait donner à voir une pièce tendue et dense, loin de toute mièvrerie.